Comment se positionner en tant que touriste dans un pays où il y a beaucoup de pauvreté ?

Je ne sais pas si c’est quelque chose qui vous a déjà posé question mais moi oui et la visite de Cartagena a ramené cette question à la surface. Alors j’ai décidé de partager mes réflexions à ce sujet avec vous.

Quand je suis arrivée en Colombie, j’ai pris un bus de Bogota à Santa Marta (20h de bus! Oui, oui!). J’ai donc traversé le fin fond de la Colombie et bizarrement, ça m’a beaucoup rappelé la campagne cambodgienne. Qui l’eut cru ? Les bâtiments, les routes, les magasins, les hamacs, les motos…. On change les gens et la nourriture et on se retrouve dans un autre pays. Ce qui pour moi signifiait que la Colombie était un pays très pauvre, le Cambodge fait partie des pays les plus pauvres du monde.

J’ai voyagé un peu et puis je suis arrivée à Cartagena, une ville côtière au nord de la Colombie. Je suis arrivée dans cette ville par la route et me suis donc retrouvée au terminal de bus qui se situe assez loin du centre-ville. J’ai donc pris un taxi pour rejoindre le centre, qui est le coin touristique de la ville. Le trajet m’a pris environ une heure à cause du trafic. J’ai bien pu voir la ville. Et là, ça m’a vraiment marqué : la pauvreté. On se retrouve dans une des plus grandes villes de Colombie et une bonne partie de la population vit dans des conditions extrêmes de pauvreté comparé à d’autres qui eux, vivent dans le plus grand confort. L’écart de richesse m’a interpellé. Je ne fus donc pas surprise quand j’ai lu que la Colombie est un des 5 pays les plus inégaux au monde. Plus de 80% de la population vit à la campagne et n’a pas accès aux services publics : santé, éducation, sécurité et opportunités économiques.

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Personnellement, en tant que touriste, j’ai logé dans le centre-ville qui est riche et ça m’a posé beaucoup question. Avec la gentrification, le centre est peuplé des personnes les plus riches et il est difficile pour les personnes locales les plus pauvres de vivre voire même de visiter le centre. Et le tourisme a sa part à jouer dans la gentrification car les touristes et leur pouvoir d’achat font grimper les prix. En effet, dans le centre de Cartagena vivent seulement 20% de Colombiens. Les 80% restant sont des expatriés et les touristes.

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Je me suis donc posée la question du positionnement du tourisme dans une situation telle que celle-là. Comment faire en tant que touriste pour ne pas nourrir cette gentrification, alors que le tourisme est une grosse part de l’économie ? Comment se positionner quand l’écart de richesse entre Colombiens est aussi élevé ?

Je ne dis pas avoir les réponses mais je trouve cela important d’être conscient de cette situation et d’y réfléchir. Je souhaite quand même vous donner une piste de réflexion qui j’espère vous inspirera si vous vous retrouvez dans ce genre de situations dans le futur.

J’ai trouvé une auberge de jeunesse à Cartagena qui appartenait à une fondation colombienne, la FEM (Fundacion por la Education Multidimensional). Celle-ci vise l’autonomisation des communautés indigènes et africaines de Colombie pour qu’elles améliorent leur futur à travers des projets de développement durables.

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Petit rappel historique avant de continuer 😉 : Avant l’arrivée des espagnols en Amérique du Sud, il y avait beaucoup « d’indiens » de différentes « tribus ». Les descendants de ces personnes sont aujourd’hui appelés indigènes. Quand les espagnols sont arrivés, ils ont amenés des esclaves venant d’Afrique. C’est pour cela qu’il y a aujourd’hui une communauté noire « afro » en Colombie. Ces 2 populations font partie des minorités actuelles et se retrouvent dans des situations de pauvreté importantes.

La fondation FEM a 3 domaines d’actions :

  • Sensibiliser le public + développer la fierté des personnes issues des minorités au patrimoine culturel ethnique
  • Favoriser l’autonomisation des personnes à travers des banques communautaires
  • Défendre les personnes (à travers des actions judiciaires) pour l’accession à la propriété
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Logo de FEM

Cette fondation ne prend pas de subventions de l’état et vit grâce à 3 activités économiques :

  • une auberge de jeunesse
  • 2 cafés
  • des tours mettant en lumière les minorités.

En tant que touriste, soutenir ces activités permet à la fondation de faire son travail et donc de soutenir les minorités. Cela peut être notre manière de faire notre part et d’injecter l’argent localement afin de développer l’économie locale et non de financer des grands groupes dont l’argent part à l’étranger si ce n’est pas dans les paradis fiscaux.

Personnellement, j’ai logé dans l’auberge de jeunesse et j’ai effectué un tour avec eux. Je souhaite vous raconter cette expérience mais vu que l’article est déjà long, ce sera fait dans un autre article.

Aviez-vous déjà réfléchi à ces questions ? Qu’en pensez-vous ? Avez-vous d’autres idées de solutions ?

3 commentaires sur “Comment se positionner en tant que touriste dans un pays où il y a beaucoup de pauvreté ?

  1. Je pense qu’on ne peut occulter ce genre de question dès qu’on fait du tourisme dans ce type de pays ! La solution que tu as trouvée me semble intéressante. Comment en avais tu entendu parler? Injecter de l’argent oui ! mais pas à n’importe qui !
    N’oublions pas qu’en France, les disparités aussi sont visibles.

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    1. C’est un hostel que l’on m’avait recommandé pour sa situation dans la ville et quand j’ai fait des recherches, j’ai vu tout ce qu’il y avait derrière. Il y a bien sûr des disparités en France mais crois moi, elles sont bien moindres comparé à ici (je ne dis pas moins importantes!)

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